Résumé :
Dans l’Italie de la Renaissance ont été largement diffusées des séries de reliefs en «stuc», souvent représentant la Vierge et l’Enfant, créées à partir des modèles de grands sculpteurs de l’époque. Malgré leur présence très abondante dans les collections de musées, très peu d’études d’envergure ont été entreprises sur le matériau constitutif. Dans cette thèse, intégrée dans le projet ESPRIT, grâce à la mise en oeuvre d’un protocole analytique multiple permettant la caractérisation multi-échelle du stuc, trois axes de recherche ont été explorés : l’identification du matériau et des témoins de leur mise en oeuvre, l’origine des matières premières et l’étude de la sérialité des productions.
Les analyses par XRD, SEM-EDX et PIXE révèlent que les 30 reliefs du corpus sont constitués de stucs gypseux, contenant 40-44 wt% CaO pour 52-56 wt% SO3. Les mesures par PIXE et LA-ICP MS des éléments traces d’une part et l’étude de la forme des pores et l’estimation du taux de gâchage par SR-μCT d’autre part permettent de mettre en évidence un ensemble de plus de 20 oeuvres présentant les mêmes caractéristiques. Cette constatation confirmerait l’hypothèse d’une zone de production majeure, peut-être Florence selon les historiens d’art. Des variations légères dans les proportions d’éléments traces, dans le taux de gâchage ou encore dans les microstructures peuvent être des indices d’ateliers différents, mais toujours autour de Florence. L’analyse minéralogique et géochimique ou isotopique d’une trentaine d’échantillons de matériaux gypseux provenant de 3 carrières de gypse et d’albâtre proches de Florence montre que les carrières miocènes seraient peut-être les sources d’approvisionnement en matière première.
Des proportions différentes de minéraux accessoires, notamment des argiles plus ou moins riches en Potassium et Magnésium, ainsi que des teneurs différentes en éléments traces dont des terres rares, des mésopores de formes différentes, indices d’une granulométrie différente de la matière première utilisée ont été détectés dans quelques oeuvres. Créées d’après des modèles par Donatello (et Bellano) et
Rossellino, deux artistes ayant résidé dans plusieurs régions d’Italie, ces oeuvres ont peut-être été réalisées dans d’autres lieux que l’espace florentin, comme le nord de l’Italie. En parallèle, des tests ont été réalisés par THz-TDI et par radiographie X/tomographie, pour tenter de mettre en évidence de manière non destructive la stratigraphie des différentes couches de plâtre, témoin de la mise en oeuvre des matériaux lors du moulage. Enfin, l’aspect sériel des productions a été abordé à travers l’analyse par scan 3D, de 3 séries de tirages appartenant à 3 modèles d’après Donatello, Desiderio da Settignano et Rossellino. Les données obtenues permettent de comparer et de quantifier les similitudes et les différences d’un tirage à l’autre et de vérifier l’appartenance de chaque pièce à une même génération de moulages.
Composition du jury :
Prof. Philippe Barboux (Chimie Paris Tech) – Rapporteur
Prof. Josefina Pérez-Arantegui (Université de Zaragoza) – Rapporteur
Prof. Samy Remita (LCP, Université Paris-Sud, CNAM) – Examinateur
Dr. Philippe Bromblet (CICRP) – Examinateur
Dr. Monica Galeotti (Opificio delle Pietre Dure, MiBAC) – Examinatrice
Dr. Lise Leroux (LRMH CRC, USR 3224) – Co-encadrante, invitée
M. Marc Bormand (Conservateur, Musée du Louvre) – Invité
Dr. Anne Bouquillon (C2RMF, IRCP-UMR 8247) – Co-Directrice de thèse
Prof. Fabrice Goubard (LPPI, Université de Cergy-Pontoise) – Directeur de thèse
