Résumé :

Le miroir a menti. Malgré les apparences, malgré une présence multiséculaire de cet objet dans la peinture et la littérature, et malgré même parfois les analyses de certains ouvrages, le miroir constitue un outil et un cadre récents si on considère sa diffusion. À la veille de la Révolution française, il demeure un objet « neuf » pour la majorité de la population française. Si sa démocratisation s’amorce au XVIIIe siècle, elle prend toute sa force et son ampleur au cours du siècle suivant. Cette recherche vise avant tout à explorer les tenants et les aboutissants de ce mouvement historique qui n’a rien de linéaire. Trois axes structurent l’approche. Dans un premier temps, c’est la question de la présence du miroir dans les intérieurs du XVIIIe qui est posée, à travers sa matérialité même, son industrie et l’immense disparité des qualités existantes, comme dans les représentations culturelles (religieuses, morales, sociales et politiques) associées à l’objet. Des discours proposés sur les scènes de théâtre – avec, ou plus fréquemment sans, la présence de l’objet – pour le moquer ou jouer de la méconnaissance des reflets, jusqu’aux discours et débats de la période révolutionnaire accompagnant et légitimant des destructions de glaces nobiliaires, avant que le pragmatisme et les besoins financiers de la République et de l’Empire n’imposent une stricte réglementation de la vente des glaces saisies, le XVIIIe siècle n’est pas avare de considérations sur les miroirs. Le deuxième axe de la recherche se focalise sur le XIXe siècle qui correspond à une explosion de la production et de la consommation des miroirs, accompagnées et aidées en cela par une forte baisse des prix des petits miroirs et plus encore des « glaces » (entendues comme « grands miroirs »). Les « guerres » industrielles entre l’ex-manufacture royale des glaces, Saint-Gobain, et sa rivale Saint-Quirin (avant une entente de cartel), et celles menées contre de populaires petits miroirs et de moyennes glaces provenant de Bavière, forment le terreau favorable aux prémices d’une « consommation de masse ». La chute des prix n’est pas seule en cause. La notion de luxe associée au reflet de soi et à l’attention qu’on peut y porter est également attaquée dans sa dimension de « superflu » quand les espaces publics, les romans, le théâtre, et une réclame textuelle ou visuelle, viennent dire et jouer autour de cette « importance » et « nécessité » des reflets. Distinction, ascension sociale, maîtrise de codes et d’attitudes corporelles, regard attentif et aiguisé s’expérimentent et s’apprennent pour un nombre croissant d’individus, sinon toujours de « citoyens » à part entière dans les différents régimes politiques qui se succèdent au cours du XIXe siècle. Cependant, une société fréquemment agitée dans ses assises sociales et politiques voit des disparités anciennes demeurer et de nouvelles se créer en réaction à une standardisation des apparences plus poussée. De nombreuses stratégies sont développées par les élites, anciennes ou récemment « arrivées ». Et, à travers différents types de miroirs, du petit modèle verdâtre « bas-de-gamme » à la grande, lumineuse et ultra-élitaire psyché, tout un monde social se déploie dans et par les reflets. Les armoires à glace « voient », à partir des années 1850, une classe moyenne qui s’étend et gagne en « importance ». La dernière partie de cette thèse est très largement consacrée à « l’orgie spéculaire et spectaculaire » qui s’épanouit sur les scènes des théâtres et dans les salles de spectacles. Une grande variété de jeux autour des miroirs se met en place, dans les dialogues comme dans des scénographies usant des cadres miroitants et de trucages afin de développer, notamment, une certaine méta-théâtralité, voire une « précinématographie ». Les hybridations artistiques et les influences sur la littérature de ces fêtes de l’œil sont esquissées, ainsi que des pistes pour de prochaines recherches.

The mirror lied. Despite appearances, despite a several centuries-old presence of this object in painting and literature, and sometimes even in the analysis of some books, the mirror constitutes a recent tool and framework in terms of its diffusion. On the eve of the French Revolution, it remained a « new » object for the majority of the French population. While its democratization began in the 18th century, it took on its full force and scope in the following century. This research aims above all at exploring the ins and outs of this historical movement, which is anything but linear. It is organized around three axes. First, the question of the presence of the mirror in 18th century interiors is studed, through its very materiality, its industry and the immense disparity of existing qualities, as well as in the cultural (religious, moral, social and political) representations associated with the object. From speeches pronounced on the stages of theatres, with or more frequently without, the presence of the object, to mock it or play with the ignorance of reflections, to speeches and debates of the revolutionary period accompanying and legitimizing the destruction of noble mirrors, before the pragmatism and financial needs of the Republic and the Empire imposed strict regulations on the sale of seized mirror, the 18th century was not lacking in considerations on mirrors. The second axis of this research focuses on the 19th century that corresponds to an explosion in the production and consumption of mirrors, accompanied and assisted by a sharp drop in prices, small mirrors and even more « large mirrors ». The industrial « wars » between the former royal mirror manufacturer, Saint-Gobain, and its rival Saint-Quirin (before a cartel agreement), and those against popular small and medium-sized mirrors from Bavaria, formed the breeding ground for the first signs of « mass consumption ». The fall in prices is not the only reason. The notion of luxury associated with self-reflection and the attention that can be paid to it is also attacked in its « superfluous » dimension when public spaces, novels, theatre, and a textual or visual advertisement come to say and play around this « importance » and « necessity » of reflections. Distinction, social ascension, mastery of codes and of body attitudes, attentive and sharpened eyes are experienced and learned by an increasing number of individuals, if not always full-fledged « citizens » in the various political regimes that followed one another during the 19th century. However, a society that is frequently restless in its social and political foundations sees old disparities remain and new ones apperar in response to a greater standardization of appearances. Many strategies are developed by either old or recently « arrived » elites. And through different types of mirrors, from the small « low-range » greenish model to the large and luminous swing-mirror, a whole social world unfolds in and through the reflections. And since the 1850s, mirrorwardrobes have « seen » a growing middle class. The last part of this research is very largely devoted to the « specular and spectacular orgy » that flourishes on the stages of theatres and concert halls. A wide variety of games around the mirrors are set up, in dialogues as well as in scenographies using framed mirrors and trickery in order to develop, in particular, a certain meta-theatricality, even a « pre-cinematography ». The artistic hybridizations and influences on literature of these « eye feasts » are sketched out, as well as avenues for future research.

 

Composition du jury :

Jean-Claude YON, Professeur des Universités, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, FRANCE – Directeur de thèse

Jean-Claude CARON, Professeur Emérite, Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, FRANCE – Examinateur

Mme Stéphanie SAUGET, Professeur des Universités, université François Rabelais Tours, FRANCE – Rapporteur

Mme Anne-Claude AMBROISE-RENDU, Professeur des Universités, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, FRANCE – Examinateur

Mme Pauline LEMAIGRE-GAFFIER, Maître de Conférences, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, FRANCE – Examinateur

Mme Anne-Laure CARRÉ, Ingénieur de Recherche, Musée des Arts et Métiers, FRANCE – Examinateur

Mme Florence NAUGRETTE, Professeur des Universités, Université Paris-Sorbonne, FRANCE – Rapporteur

Résumé :

Les champignons capables de dégrader le bois sont les principaux organismes permettant un recyclage du bois dans la nature. Leur développement dans le bâtiment peut être la cause de dégâts importants et est d’autant plus problématique lorsque ces champignons se développent dans des bâtiments historiques ou chaque élément présent a une valeur historique. La lutte contre ces champignons lignivores se fait principalement par l’utilisation de fongicides pouvant se révéler être toxiques pour l’Homme ainsi que l’environnement.

L’objectif de ces travaux a été d’appréhender la diversité fongique présente dans deux bâtiments historiques présentant des degrés de contamination fongique et de biodégradation du bois différents au moyen de plusieurs techniques analytiques, d’optimiser un protocole d’identification fongique à l’aide de la spectroscopie infra-rouge à transformée de Fourier couplée à un outil d’analyse statistique en vue de compléter l’éventail de techniques pouvant être employées afin d’évaluer la diversité fongique et d’initier le développement de traitements alternatifs permettant de lutter contre les champignons lignivores. Pour les bâtiments étudiés, une forte diversité fongique a été observée, et les principaux agents responsables de la biodégradation du bois ont été identifiés. La description de la diversité fongique a permis d’avoir un premier aperçu des interactions impliquées entre les champignons lors de la colonisation du bois dans le bâtiment. L’analyse d’isolats fongiques par spectroscopie infra-rouge après croissance dans des conditions standardisées s’est révélée permettre une discrimination entre différentes espèces et entre des souches appartenant à une même espèce. Différentes stratégies de biocontrôle mettant en œuvre une souche fongique, une souche bactérienne ou des huiles essentielles ont montré un grand potentiel pour ce type d’approche afin de lutter contre des champignons lignivores.

Composition du jury :

– Pr. Philippe Gérardin Laboratoire LERMAB Université de Lorraine, Nancy, rapporteur.

– Pr. Laura Bruno Laboratory of Biology of algae, University of  Roma Tor Vergata, Italy, rapporteur.

– Pr. Christine Roques, Université de Toulouse, UPS, LGC (Laboratoire de Génie Chimique) examinateur.

– Dr. Faisl Bousta LRMH Ministère de la culture et de la communication, co-encadrant

– Dr. Agnès Mihajlovski Laboratoire ERRMECe Université de Cergy-Pontoise co-encadrant.

– Pr. Patrick Di Martino Laboratoire ERRMECe Université de Cergy-Pontoise, Directeur de thèse.

Résumé :

Centrée sur le règne des trois premiers Valois (1328-1380), cette thèse a pour objectif d’étudier la construction, le fonctionnement et les pratiques du groupe social formé par les notaires et secrétaires exerçant à la chancellerie royale française. Elle se fonde pour cela sur l’examen combiné de leurs pratiques scripturales et de leurs parcours. Ce travail s’appuie sur l’étude de l’intégralité des registres de chancellerie de Philippe VI, Jean le Bon et Charles V. Sujets d’une archéologie textuelle, ces documents sont considérés comme des unités de sens composées de plusieurs strates d’actions humaines s’échelonnant de leur création au XIXe siècle. Une étude comparative avec les registres du Parlement civil contemporains est menée dans le but de déterminer s’il existe, au sein de l’administration royale, un ou plusieurs arts du registre. Les mentions extra sigillum, la signature et les sceaux personnels de plusieurs notaires et secrétaires sont également analysées. Ces marqueurs personnels nous donnent accès tant à des pratiques administratives qu’à l’expression d’une individualité. En pleine expansion sous les trois premiers Valois, l’ornementation des chartes et des registres est également l’objet d’une étude. Pratique connexes aux deux genres documentaires, elle développe une rhétorique visuelle dans le temps long. Les parcours d’une vingtaine de notaires et secrétaires royaux sont enfin appréhendés afin de mettre en évidence les caractéristiques et points de cohésion de ce groupe professionnel devenu communauté confraternelle suite à la création de leur confrérie en mars 1351.

Composition du jury :

Pierre Chastang, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Directeur de thèse

Ghislain Brunel, Archives nationales, Co-directeur de thèse

Elisabeth Lalou, Université de Rouen, Rapporteur

Valérie Theis, Ecole normale supérieure (Ulm),

Rapporteur Catherine Kikuchi, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Examinateur

Patrick Boucheron, Collège de France, Examinateur

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