Résumé :

Cette thèse vise à interroger la nature des conduites esthétiques que l’on peut observer dans des Musées et à explorer les fonctions cognitives sous-jacentes à l’aide d’une plateforme robotique humanoïde « Le robot BERENSON ».

Ce projet interdisciplinaire mêle informatique, robotique et les sciences humaines et sociales. L’hypothèse centrale de la thèse est que l’expérience esthétique en général – et la fréquentation des musées en particulier – offrent un contexte privilégié d’apprentissage, qui incite chacun à percevoir et à apprécier des objets de différents points de vue sur un plan cognitif.

La mise en place d’un modèle développemental, les expériences robotiques dans et hors musée permettent de tester sur le long terme des modèles d’apprentissage autonome. Ces modèles sont constitués de réseaux de neurones simples effectuant des apprentissages de valence et permettant des interactions complexes au niveau social. Nous avons montré que les propriétés émergentes des interactions avec les visiteurs améliorent l’apprentissage du robot dans des situations hors musée. Nous nous concentrons sur la modélisation des mécanismes élémentaires  permettant aux robot d’apprendre à interagir avec un humain à propos d’un objet donné et de communiquer à son sujet.

Composition du jury :

Rachid Alami – LAAS Toulouse – Rapporteur

Nicolas Rougier – INRIA Bordeaux – Rapporteur

Mathias Quoy – Université de Cergy-Pontoise – Examinateur

Peter Ford Dominey – INSERM Dijon ENSTA-ParisTech – Examinateur

Serena Ivaldi – Inria Nancy – Examinateur

Philippe Gaussier – Université de Cergy-Pontoise – Directeur de thèse

Denis Vidal – EHESS Paris – Co-Directeur de thèse

Sofiane Boucenna – Université de Cergy-Pontoise – Encadrant de thèse

Résumé :

Le miroir a menti. Malgré les apparences, malgré une présence multiséculaire de cet objet dans la peinture et la littérature, et malgré même parfois les analyses de certains ouvrages, le miroir constitue un outil et un cadre récents si on considère sa diffusion. À la veille de la Révolution française, il demeure un objet « neuf » pour la majorité de la population française. Si sa démocratisation s’amorce au XVIIIe siècle, elle prend toute sa force et son ampleur au cours du siècle suivant. Cette recherche vise avant tout à explorer les tenants et les aboutissants de ce mouvement historique qui n’a rien de linéaire. Trois axes structurent l’approche. Dans un premier temps, c’est la question de la présence du miroir dans les intérieurs du XVIIIe qui est posée, à travers sa matérialité même, son industrie et l’immense disparité des qualités existantes, comme dans les représentations culturelles (religieuses, morales, sociales et politiques) associées à l’objet. Des discours proposés sur les scènes de théâtre – avec, ou plus fréquemment sans, la présence de l’objet – pour le moquer ou jouer de la méconnaissance des reflets, jusqu’aux discours et débats de la période révolutionnaire accompagnant et légitimant des destructions de glaces nobiliaires, avant que le pragmatisme et les besoins financiers de la République et de l’Empire n’imposent une stricte réglementation de la vente des glaces saisies, le XVIIIe siècle n’est pas avare de considérations sur les miroirs. Le deuxième axe de la recherche se focalise sur le XIXe siècle qui correspond à une explosion de la production et de la consommation des miroirs, accompagnées et aidées en cela par une forte baisse des prix des petits miroirs et plus encore des « glaces » (entendues comme « grands miroirs »). Les « guerres » industrielles entre l’ex-manufacture royale des glaces, Saint-Gobain, et sa rivale Saint-Quirin (avant une entente de cartel), et celles menées contre de populaires petits miroirs et de moyennes glaces provenant de Bavière, forment le terreau favorable aux prémices d’une « consommation de masse ». La chute des prix n’est pas seule en cause. La notion de luxe associée au reflet de soi et à l’attention qu’on peut y porter est également attaquée dans sa dimension de « superflu » quand les espaces publics, les romans, le théâtre, et une réclame textuelle ou visuelle, viennent dire et jouer autour de cette « importance » et « nécessité » des reflets. Distinction, ascension sociale, maîtrise de codes et d’attitudes corporelles, regard attentif et aiguisé s’expérimentent et s’apprennent pour un nombre croissant d’individus, sinon toujours de « citoyens » à part entière dans les différents régimes politiques qui se succèdent au cours du XIXe siècle. Cependant, une société fréquemment agitée dans ses assises sociales et politiques voit des disparités anciennes demeurer et de nouvelles se créer en réaction à une standardisation des apparences plus poussée. De nombreuses stratégies sont développées par les élites, anciennes ou récemment « arrivées ». Et, à travers différents types de miroirs, du petit modèle verdâtre « bas-de-gamme » à la grande, lumineuse et ultra-élitaire psyché, tout un monde social se déploie dans et par les reflets. Les armoires à glace « voient », à partir des années 1850, une classe moyenne qui s’étend et gagne en « importance ». La dernière partie de cette thèse est très largement consacrée à « l’orgie spéculaire et spectaculaire » qui s’épanouit sur les scènes des théâtres et dans les salles de spectacles. Une grande variété de jeux autour des miroirs se met en place, dans les dialogues comme dans des scénographies usant des cadres miroitants et de trucages afin de développer, notamment, une certaine méta-théâtralité, voire une « précinématographie ». Les hybridations artistiques et les influences sur la littérature de ces fêtes de l’œil sont esquissées, ainsi que des pistes pour de prochaines recherches.

The mirror lied. Despite appearances, despite a several centuries-old presence of this object in painting and literature, and sometimes even in the analysis of some books, the mirror constitutes a recent tool and framework in terms of its diffusion. On the eve of the French Revolution, it remained a « new » object for the majority of the French population. While its democratization began in the 18th century, it took on its full force and scope in the following century. This research aims above all at exploring the ins and outs of this historical movement, which is anything but linear. It is organized around three axes. First, the question of the presence of the mirror in 18th century interiors is studed, through its very materiality, its industry and the immense disparity of existing qualities, as well as in the cultural (religious, moral, social and political) representations associated with the object. From speeches pronounced on the stages of theatres, with or more frequently without, the presence of the object, to mock it or play with the ignorance of reflections, to speeches and debates of the revolutionary period accompanying and legitimizing the destruction of noble mirrors, before the pragmatism and financial needs of the Republic and the Empire imposed strict regulations on the sale of seized mirror, the 18th century was not lacking in considerations on mirrors. The second axis of this research focuses on the 19th century that corresponds to an explosion in the production and consumption of mirrors, accompanied and assisted by a sharp drop in prices, small mirrors and even more « large mirrors ». The industrial « wars » between the former royal mirror manufacturer, Saint-Gobain, and its rival Saint-Quirin (before a cartel agreement), and those against popular small and medium-sized mirrors from Bavaria, formed the breeding ground for the first signs of « mass consumption ». The fall in prices is not the only reason. The notion of luxury associated with self-reflection and the attention that can be paid to it is also attacked in its « superfluous » dimension when public spaces, novels, theatre, and a textual or visual advertisement come to say and play around this « importance » and « necessity » of reflections. Distinction, social ascension, mastery of codes and of body attitudes, attentive and sharpened eyes are experienced and learned by an increasing number of individuals, if not always full-fledged « citizens » in the various political regimes that followed one another during the 19th century. However, a society that is frequently restless in its social and political foundations sees old disparities remain and new ones apperar in response to a greater standardization of appearances. Many strategies are developed by either old or recently « arrived » elites. And through different types of mirrors, from the small « low-range » greenish model to the large and luminous swing-mirror, a whole social world unfolds in and through the reflections. And since the 1850s, mirrorwardrobes have « seen » a growing middle class. The last part of this research is very largely devoted to the « specular and spectacular orgy » that flourishes on the stages of theatres and concert halls. A wide variety of games around the mirrors are set up, in dialogues as well as in scenographies using framed mirrors and trickery in order to develop, in particular, a certain meta-theatricality, even a « pre-cinematography ». The artistic hybridizations and influences on literature of these « eye feasts » are sketched out, as well as avenues for future research.

 

Composition du jury :

Jean-Claude YON, Professeur des Universités, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, FRANCE – Directeur de thèse

Jean-Claude CARON, Professeur Emérite, Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, FRANCE – Examinateur

Mme Stéphanie SAUGET, Professeur des Universités, université François Rabelais Tours, FRANCE – Rapporteur

Mme Anne-Claude AMBROISE-RENDU, Professeur des Universités, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, FRANCE – Examinateur

Mme Pauline LEMAIGRE-GAFFIER, Maître de Conférences, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, FRANCE – Examinateur

Mme Anne-Laure CARRÉ, Ingénieur de Recherche, Musée des Arts et Métiers, FRANCE – Examinateur

Mme Florence NAUGRETTE, Professeur des Universités, Université Paris-Sorbonne, FRANCE – Rapporteur

Résumé :

Les champignons capables de dégrader le bois sont les principaux organismes permettant un recyclage du bois dans la nature. Leur développement dans le bâtiment peut être la cause de dégâts importants et est d’autant plus problématique lorsque ces champignons se développent dans des bâtiments historiques ou chaque élément présent a une valeur historique. La lutte contre ces champignons lignivores se fait principalement par l’utilisation de fongicides pouvant se révéler être toxiques pour l’Homme ainsi que l’environnement.

L’objectif de ces travaux a été d’appréhender la diversité fongique présente dans deux bâtiments historiques présentant des degrés de contamination fongique et de biodégradation du bois différents au moyen de plusieurs techniques analytiques, d’optimiser un protocole d’identification fongique à l’aide de la spectroscopie infra-rouge à transformée de Fourier couplée à un outil d’analyse statistique en vue de compléter l’éventail de techniques pouvant être employées afin d’évaluer la diversité fongique et d’initier le développement de traitements alternatifs permettant de lutter contre les champignons lignivores. Pour les bâtiments étudiés, une forte diversité fongique a été observée, et les principaux agents responsables de la biodégradation du bois ont été identifiés. La description de la diversité fongique a permis d’avoir un premier aperçu des interactions impliquées entre les champignons lors de la colonisation du bois dans le bâtiment. L’analyse d’isolats fongiques par spectroscopie infra-rouge après croissance dans des conditions standardisées s’est révélée permettre une discrimination entre différentes espèces et entre des souches appartenant à une même espèce. Différentes stratégies de biocontrôle mettant en œuvre une souche fongique, une souche bactérienne ou des huiles essentielles ont montré un grand potentiel pour ce type d’approche afin de lutter contre des champignons lignivores.

Composition du jury :

– Pr. Philippe Gérardin Laboratoire LERMAB Université de Lorraine, Nancy, rapporteur.

– Pr. Laura Bruno Laboratory of Biology of algae, University of  Roma Tor Vergata, Italy, rapporteur.

– Pr. Christine Roques, Université de Toulouse, UPS, LGC (Laboratoire de Génie Chimique) examinateur.

– Dr. Faisl Bousta LRMH Ministère de la culture et de la communication, co-encadrant

– Dr. Agnès Mihajlovski Laboratoire ERRMECe Université de Cergy-Pontoise co-encadrant.

– Pr. Patrick Di Martino Laboratoire ERRMECe Université de Cergy-Pontoise, Directeur de thèse.

Résumé :

Centrée sur le règne des trois premiers Valois (1328-1380), cette thèse a pour objectif d’étudier la construction, le fonctionnement et les pratiques du groupe social formé par les notaires et secrétaires exerçant à la chancellerie royale française. Elle se fonde pour cela sur l’examen combiné de leurs pratiques scripturales et de leurs parcours. Ce travail s’appuie sur l’étude de l’intégralité des registres de chancellerie de Philippe VI, Jean le Bon et Charles V. Sujets d’une archéologie textuelle, ces documents sont considérés comme des unités de sens composées de plusieurs strates d’actions humaines s’échelonnant de leur création au XIXe siècle. Une étude comparative avec les registres du Parlement civil contemporains est menée dans le but de déterminer s’il existe, au sein de l’administration royale, un ou plusieurs arts du registre. Les mentions extra sigillum, la signature et les sceaux personnels de plusieurs notaires et secrétaires sont également analysées. Ces marqueurs personnels nous donnent accès tant à des pratiques administratives qu’à l’expression d’une individualité. En pleine expansion sous les trois premiers Valois, l’ornementation des chartes et des registres est également l’objet d’une étude. Pratique connexes aux deux genres documentaires, elle développe une rhétorique visuelle dans le temps long. Les parcours d’une vingtaine de notaires et secrétaires royaux sont enfin appréhendés afin de mettre en évidence les caractéristiques et points de cohésion de ce groupe professionnel devenu communauté confraternelle suite à la création de leur confrérie en mars 1351.

Composition du jury :

Pierre Chastang, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Directeur de thèse

Ghislain Brunel, Archives nationales, Co-directeur de thèse

Elisabeth Lalou, Université de Rouen, Rapporteur

Valérie Theis, Ecole normale supérieure (Ulm),

Rapporteur Catherine Kikuchi, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Examinateur

Patrick Boucheron, Collège de France, Examinateur

Résumé :

Ce projet s’intéresse à un objet particulier : l’armure. Celle-ci, dont la fonction première était de protéger le combattant, s’est adaptée entre le XIIIe et le XVIIe siècle aux bouleversements qu’ont connu les pratiques de guerre et l’organisation des armées dans cette période. L’armure pouvait aussi avoir une autre fonction, celle de distinguer socialement son porteur. Ainsi, à la fin du Moyen Âge l’armure est à la fois un objet de grande consommation et d’usage courant mais également un produit de luxe. Sa fabrication, dominée par différents centres de productions internationaux comme les villes Milan et Nuremberg, demandait un savoir-faire spécifique pour travailler et mettre en forme le métal.

Dans le but d’éclairer d’une part les techniques et savoir-faire anciens, d’autre part la circulation et les échanges dans l’espace européen, ce projet aborde l’étude de l’armure par sa matérialité, en mettant en œuvre une approche archéométallurgique. Un corpus spécifique, de plus d’une centaine d’objets, caractéristique de l’évolution de l’équipement défensif des combattants mais également des grands centres de production européens a ainsi été constitué. L’analyse du métal a permis de déterminer la nature des matériaux employés ainsi que les techniques de fabrication de ces objets. L’étude des inclusions non métalliques a quant à elle permis de discuter de l’origine géographique du métal utilisé pour la fabrication des pièces.

De façon générale, les résultats ont montré l’emploi d’alliages de natures variées, parfois très hétérogènes pour réaliser les plates d’armures. Néanmoins en moyenne le métal employé possède une dureté proche de celle d’un acier homogène à 0,4-0,5% de carbone. Les alliages trempés de dureté élevée demeurent très minoritaires dans le corpus étudié. Des spécificités ont néanmoins été relevées, comme l’utilisation d’un matériau spécifique, associant plusieurs feuilles de métal aux propriétés différentes qui pouvait offrir à l’armure de meilleures propriétés défensives. Les informations acquises ont également permis d’étudier les pratiques mises en œuvre par les armuriers que ce soit pour la fabrication d’une armure complète, la production massive de pièces en

« série », ou issues d’un même atelier. Les résultats relatifs à la nature et au travail du métal nous ont ainsi amené

à questionner le rôle du maitre armurier qui signait les objets et la signification de cette signature pour un atelier.

Abstract:

The project focuses on a specific object: armor. Between the 13th and early 17th centuries, war practices have undergone major changes, both on the technological level, as well as the organizational one. Accordingly, defensives arms were adapted to the new needs in order to protect their owners. Armor was also in some cases a mark of social distinction. Thus, at the end of the Middle Ages, armor was both an object for everyday military use, massively produced, and a luxury attire. Its fabrication was dominated by several prestigious European centers of production like Milan and Nuremberg and required specific technical skills to shape the metal.

In order to shed light on some of the techniques and ancient skills, along with the circulation and exchanges in the European space, this project addresses the study of armor through its materiality, by implementing an archeometallurgical approach. A specific corpus of over a hundred artefacts was collected, characteristic of the evolution of the defensive equipment of the fighters but also of the great European centers of production. Physicochemical analysis of the metal can decipher its nature and reveal the technical skills of the craftsmen. Non metallic phases analysis has allowed to test hypotheses on the provenance of the materials employed.

Overall, the results showed the use of alloys of varying nature, sometimes highly heterogeneous, to realize the plates of armor. However, on average the metal employed has a hardness close to a homogeneous steel with 0.4-0.5% carbon. Hardened alloys of high hardness remain very minor in the studied corpus. Specificities were nevertheless noted, such as the use of a specific material, combining several sheets of metal with different properties that could offer better defensive properties. The information acquired also allowed to study the workshop practices implemented by the armorers, whether for the manufacture of a complete set of armor, the mass production of « serial » pieces, or those originating from the same workshop. The results relating to the nature and hammering of the metal have led us to question the exact nature of the intervention of the master armorer who signed the artefact and the significance of the signature of a workshop.

Composition du jury :

Luc Bourgeois, Université de Caen Normandie, Rapporteur
Ivan Guillot, Université Paris-Est Créteil, Rapporteur
Olivier Renaudeau, Musée de l’Armée, Examinateur
Vincent Serneels, Université de Fribourg, Examinateur
Philippe Dillmann, LAPA-IRAMAT CNRS/CEA, Directeur de thèse
Valérie Toureille, Université de Cergy Pontoise, Directrice de thèse
Catherine Verna, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, Directrice de thèse

Résumé :

Les résidus textiles archéologiques de l’Orient ancien sont rares. En Mésopotamie, la plupart des connaissances sur les textiles proviennent de textes cunéiformes. Fabriqués à partir de fibres animales ou végétales, les textiles sont périssables dans la plupart des environnements archéologiques. Un des principaux processus de préservation exceptionnelle de fibres archéologiques implique le contact avec un artefact métallique, ce phénomène est appelé « minéralisation ». Très peu de travaux ont été consacrés à l’étude approfondie des processus de minéralisation des textiles cellulosiques. Ce travail de doctorat a consisté à étudier à multi-échelles l’interaction entre substrat métallique à base cuivre et textile ancien, à partir d’échantillons provenant des sites archéologiques de Gonur-Depe, de Nausharo et de Tello (3e et 2e millénaire av. J.-C.). Le travail a permis de mettre en place une nouvelle méthodologie d’imagerie par microtomographie synchrotron de rayons X semi-quantitative afin de décrire la composition de ces systèmes complexes, hétérogènes et réactifs en 3D. Ces développements nous ont permis d’approfondir la description archéologique de ces textiles et de leur contexte d’enfouissement, en relation avec la question de leur production et de leur usage passés. Nous avons enfin abordé la description du système hybride fibres-produits de corrosion et la présence de signatures organiques dans ces systèmes hybrides altérés en vue de décrire les mécanismes à l’origine de leur préservation exceptionnelle.

Composition du jury :

Dominique Bernard (ICMCB) Rapporteur
Catherine Breniquet (Université Clermont Auvergne) Rapporteur
Lucile Beck (CEA) Examinatrice
Benoît Mille (C2RMF) Examinateur
Loïc Bertrand (IPANEMA) Directeur de thèse

Résumé :

Les pigments verts à base de cuivre étaient très répandus en peinture de chevalet entre le XVe et le XVIIe siècle. En effet, l’acétate et le résinate de cuivre étaient fort appréciés à l’époque pour leurs qualités optiques. Malheureusement, il a été très vite remarqué que ces pigments se dégradent avec le temps, leur altération se manifestant sous la forme d’un brunissement de zones autrefois vertes.
L’objet de cette thèse est ainsi l’étude de ce changement chromatique, dans le but d’aboutir à une meilleure compréhension du phénomène de brunissement qui touche les pigments verts à base de cuivre. Pour cela, une approche particulière a été adoptée, basée sur l’étude multi-analytique comparative de deux types d’échantillons : d’une part, des prélèvements de taille submillimétrique provenant d’oeuvres historiques appartenant aux collections des musées de France ; et d’autre part des systèmes simplifiés, constitués du mélange entre le pigment et l’huile, préparés au laboratoire et soumis à différents traitements visant à reproduire le phénomène de brunissement.
L’étude du corpus d’échantillons historiques a mené à considérer la lumière et le dioxygène atmosphérique comme des facteurs influençant la dégradation des verts au cuivre. L’analyse des deux types d’échantillons (historiques et systèmes modèles) par les spectroscopies de photoluminescence, vibrationnelles et d’absorption des rayons X a permis d’obtenir des résultats comparables, validant ainsi notre méthodologie.
Le suivi, par combinaison des spectroscopies RPE et d’absorption UV-Visible, de l’évolution du complexe de cuivre au cours du brunissement des systèmes modèles a abouti à une proposition de mécanisme chimique dans lequel l’altération des pigments est due à l’action conjointe de la lumière et du dioxygène atmosphérique, avec la formation de complexes peroxo [CuII(CH3CO2)2O22-CuII] responsables du changement chromatique.

Composition du jury :

Olivia REINAUD, Professeur à l’Université Paris Descartes : Rapporteur
Philippe BOUTINAUD, Professeur à Sigma Clermont : Rapporteur
Ludovic BELLOT-GURLET, Professeur à l’Université Pierre et Marie Curie : Examinateur
Jean-Louis HAZEMANN, Directeur de Recherche au CNRS : Examinateur
Anne-Solenn LE HÔ, Ingénieur de Recherche au C2RMF : Examinateur
Nadège LUBIN-GERMAIN, Professeur à l’Université de Cergy-Pontoise : Directeur de thèse
François MIRAMBET, Ingénieur de Recherche au C2RMF : Directeur de thèse

Résumé :

Dans l’Italie de la Renaissance ont été largement diffusées des séries de reliefs en «stuc», souvent représentant la Vierge et l’Enfant, créées à partir des modèles de grands sculpteurs de l’époque. Malgré leur présence très abondante dans les collections de musées, très peu d’études d’envergure ont été entreprises sur le matériau constitutif. Dans cette thèse, intégrée dans le projet ESPRIT, grâce à la mise en oeuvre d’un protocole analytique multiple permettant la caractérisation multi-échelle du stuc, trois axes de recherche ont été explorés : l’identification du matériau et des témoins de leur mise en oeuvre, l’origine des matières premières et l’étude de la sérialité des productions.
Les analyses par XRD, SEM-EDX et PIXE révèlent que les 30 reliefs du corpus sont constitués de stucs gypseux, contenant 40-44 wt% CaO pour 52-56 wt% SO3. Les mesures par PIXE et LA-ICP MS des éléments  traces d’une part et l’étude de la forme des pores et l’estimation du taux de gâchage par SR-μCT d’autre part permettent de mettre en évidence un ensemble de plus de 20 oeuvres présentant les mêmes caractéristiques. Cette constatation confirmerait l’hypothèse d’une zone de production majeure, peut-être Florence selon les historiens d’art. Des variations légères dans les proportions d’éléments traces, dans le taux de gâchage ou encore dans les microstructures peuvent être des indices d’ateliers différents, mais toujours autour de Florence. L’analyse minéralogique et géochimique ou isotopique d’une trentaine d’échantillons de matériaux gypseux provenant de 3 carrières de gypse et d’albâtre proches de Florence montre que les carrières miocènes seraient peut-être les sources d’approvisionnement en matière première.
Des proportions différentes de minéraux accessoires, notamment des argiles plus ou moins riches en Potassium et Magnésium, ainsi que des teneurs différentes en éléments traces dont des terres rares, des mésopores de formes différentes, indices d’une granulométrie différente de la matière première utilisée ont été détectés dans quelques oeuvres. Créées d’après des modèles par Donatello (et Bellano) et
Rossellino, deux artistes ayant résidé dans plusieurs régions d’Italie, ces oeuvres ont peut-être été réalisées dans d’autres lieux que l’espace florentin, comme le nord de l’Italie. En parallèle, des tests ont été réalisés par THz-TDI et par radiographie X/tomographie, pour tenter de mettre en évidence de manière non destructive la stratigraphie des différentes couches de plâtre, témoin de la mise en oeuvre des matériaux lors du moulage. Enfin, l’aspect sériel des productions a été abordé à travers l’analyse par scan 3D, de 3 séries de tirages appartenant à 3 modèles d’après Donatello, Desiderio da Settignano et Rossellino. Les données obtenues permettent de comparer et de quantifier les similitudes et les différences d’un tirage à l’autre et de vérifier l’appartenance de chaque pièce à une même génération de moulages.

Composition du jury :

Prof. Philippe Barboux (Chimie Paris Tech) – Rapporteur
Prof. Josefina Pérez-Arantegui (Université de Zaragoza) – Rapporteur
Prof. Samy Remita (LCP, Université Paris-Sud, CNAM) – Examinateur
Dr. Philippe Bromblet (CICRP) – Examinateur
Dr. Monica Galeotti (Opificio delle Pietre Dure, MiBAC) – Examinatrice
Dr. Lise Leroux (LRMH CRC, USR 3224) – Co-encadrante, invitée
M. Marc Bormand (Conservateur, Musée du Louvre) – Invité
Dr. Anne Bouquillon (C2RMF, IRCP-UMR 8247) – Co-Directrice de thèse
Prof. Fabrice Goubard (LPPI, Université de Cergy-Pontoise) – Directeur de thèse

Résumé :

Ce travail se concentre sur l’étude des chandeliers en bronze, en cuivre et en laiton en Europe entre le XIIIe et le XVIIe siècle, entreprise dans une perspective interdisciplinaire. Abandonnés depuis la fin du XIXe siècle au champ méprisé des arts mineurs et populaires, les chandeliers n’ont depuis cette époque jamais véritablement été considérés comme une thématique de recherche à part entière. Le caractère anépigraphe de ces objets ordinaires et l’impossibilité de lier facilement les modèles produits à des espaces de productions spécifiques ont jusqu’ici cantonné les problématiques à des questions stylistiques et typologiques.

L’objectif de cette étude se fonde sur un principe de déconstruction historiographique afin de dépasser l’approche traditionnellement adoptée qui enlise les recherches dans des considérations aporétiques. La recherche fait appel à plusieurs types de sources – écrites, archéologiques, iconographiques et analytiques – dont l’alliance vise la recontextualisation des chandeliers. Il s’agit de décrire et d’analyser l’itinéraire d’un type d’ustensile dans les sociétés médiévale et moderne dans les deux contextes, profane et religieux, dans lesquels ils ont été utilisés.

C’est pourquoi l’historicisation des chandeliers se construit, dans le cadre de cette étude, sur leurs matérialités. La recherche s’intéresse ainsi à la reconstitution des chaînes opératoires de la production métallurgique, à la caractérisation des hommes qui travaillent le cuivre et ses alliages ainsi qu’à celle des matériaux, à la diffusion de l’objet à travers la société et aux usages, pratiques, culturels, symboliques ou dévotionnels, qui lui sont attachés. Les réflexions contribuent également à souligner que l’interrogation croisée des champs disciplinaires permet de comprendre en quoi la typologie des sources, en ce qu’elles concernent différents groupes sociaux, différents contextes, différents protagonistes et différentes réalités lexicales, influence la façon de percevoir ces objets.

Composition du jury :

Sophie BALACE – Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles – examinateur
Philippe BERNARDI – Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne – rapporteur
Michele TOMASI – Université de Lausanne – rapporteur
Maaike VAN DER LUGT – Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines – examinateur
Pierre CHASTANG – Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines – directeur
Philippe DILLMANN – Laboratoire Archéomatériaux et Prévision de l’Altération – IRAMAT NIMBE, CEA, CNRS – codirecteur

Résumé :

Lors de leur stockage ou de leur exposition, les objets du patrimoine sont soumis à des processus physico-chimiques d’altération liés à leur environnement et en particulier à l’action de polluants primaires (e.g. dioxyde de soufre, oxydes d’azote), secondaires (ozone) ou de composés organiques volatils (COVs). Il a été démontré que ces gaz/vapeurs se comportent comme des agents d’hydrolyse et d’oxydation. L’acide acétique fait partie des COVs ayant un impact considérable et reconnu dans la conservation des objets du patrimoine en particulier des films photographiques. En vue de lutter contre ses effets délétères, ce projet de thèse s’est focalisé sur la conception de nouveaux matériaux poreux hybrides multifonctionnels appelés « Metal-Organic Frameworks » (MOFs) pour la capture sélective de l’acide acétique en présence d’humidité (40% humidité relative) et à température ambiante. Les remarquables propriétés d’adsorption (sensibilité, sélectivité et capacité) et la grande versatilité des MOFs (balance hydrophile/hydrophobe, taille/forme des pores,…) ont été utilisés pour préconcentrer de façon sélective l’acide acétique en milieu humide. Les matériaux les plus performants ont ensuite été préparés sous forme de nanoparticules pour l’élaboration de films minces de qualité optique afin d’en étudier les propriétés d’adsorption et de co-adsorption (acide acétique/eau) par ellipsométrie.L’incorporation de nanoparticules métalliques plasmoniques a ensuite été effectuée afin de concevoir un capteur colorimétrique. L’objectif final de ce travail est de concevoir un nouveau type d’adsorbant caractérisé par une capacité et une sélectivité d’adsorption élevée et dont on pourrait aisément déterminer le niveau de saturation en acide acétique afin d’anticiper son remplacement et ainsi assurer la préservation des objets stockés et exposés dans les musées.

Composition du jury :

M. Rob AMELOOT, Professeur, Katholieke Universiteit Leuven (KUL), BELGIQUE – Rapporteur
Mme Odile FICHET, Professeur des Universités, Université de Cergy-Pontoise, FRANCE – Rapporteur
M. Christian SERRE, Directeur de Recherche, CNRS, FRANCE – CoDirecteur de these
M. Bertrand LAVÉDRINE, Professeur, Muséum National d’Histoire Naturelle, FRANCE – CoDirecteur de these
M. Gaël ZUCCHI, Chargé de Recherche, CNRS, FRANCE – Examinateur
M. Guillaume MAURIN, Professeur, Université de Montpellier, FRANCE – Examinateur
M. Eddy DUMAS, Maître de Conférences, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, FRANCE – Examinateur

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