Résumé :
La notoriété du plâtre de Paris dépasse les frontières de la France, voire même les frontières de notre Terre si on considère que James Lovell, alors en orbite autour de la Lune lors de la mission Apollo 8, la décrivit en utilisant l’expression « plaster of Paris ». Son utilisation pour le moulage, la sculpture, les décors architecturaux associés aux productions artistiques françaises lui donnèrent ses lettres de noblesse. Le plâtre de Paris est exporté de par le monde dès le Moyen Âge et sa qualité est vantée par les voyageurs de passage . En effet, ce plâtre local est réputé pour sa qualité mais aussi pour sa quantité, la butte Montmartre étant un témoin évident de l’abondance du gypse dans le Bassin parisien. Mais au-delà du plâtre à mouler, visible dans les salons et les musées, le plâtre est avant toute chose un des matériaux les plus utilisé dans la construction francilienne, et l’un des plus visibles. La moitié des bâtiments parisiens et une grande partie du bâti historique d’Île-de-France offrent encore à la vue du passant des façades enduites en plâtre, datant d’entre le XVIIe siècle et le milieu du XXe siècle. Cependant, les enduits de plâtre sont confondus avec des enduits de ciment ou de chaux, sont appelés à tort plâtre-et-chaux et sont parfois recouverts de peintures épaisses qui brouillent leur observation. De ce fait, les enduits, souvent qualifiés d’ouvrages constructifs mineurs, sont peu étudiés et le plâtre reste un matériau encore ignoré malgré un regain d’intérêt de la part des chercheurs sur les matériaux « pauvres » tels que la chaux ou la terre. Les enduits au plâtre ont pourtant une valeur autre qu’historique et technique. L’esthétique de leur riche ornementation qui cisèle les parements d’ombre et de lumière, mais également leurs couleurs et leurs textures, participent pour beaucoup aux ambiances urbaines. Cette étude se propose d’explorer le déclin de l’utilisation du plâtre en façade à travers l’analyse d’un corpus de soixante édifices soit une centaines de façades décrites et intégrées à une base de données et à un Système d’Information Géographique (SIG). Les enduits observés couvrent trois siècles, de l’âge d’or de la pratique au XVIIe siècle jusqu’à la disparition des savoir-faire suite aux grands conflits du XXe siècle, en passant par les changements drastiques dans la fabrication des matériaux lors de la révolution industrielle. La lecture des traités de construction, des journaux, des brevets d’invention et l’étude de devis de maçonnerie et de procès-verbaux d’experts du bâtiment complètent la recherche de terrain par une étude historique. De 1667 aux années 1980, l’usage du plâtre en extérieur est décortiqué à travers l’évolution de l’extraction, de la fabrication, de la mise en œuvre du plâtre et de la conception des façades. La thèse explore comment, de matériau incontournable à la construction, le plâtre est peu à peu relégué aux décors intérieurs au fur et à mesure de l’altération de sa qualité et de la disparition des savoir-faire locaux.
Composition du jury :
Mme Valérie NEGRE | Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne | Rapporteur |
M. Robert CARVAIS | Université Paris Ouest Nanterre La Défense | Rapporteur |
Mme Annalisa VIATI NAVONE | Laboratoire de Recherche de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles | Examinateur |
Mme Véronique VERGES-BELMIN | Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques | Examinateur |
Mme Nadia HOYET | Laboratoire de Recherche de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles | Directeur de thèse |
M. Jean-Claude YON | Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines | Co-directeur de thèse |