L’éloquence du nombre. Rhétorique et patrimoine mathématique de Descartes à Fontenelle (1637-1707) – MATHRHEPAT

Le projet propose d’étudier l’existence et l’émergence d’une langue proprement mathématique et distincte de celle des Belles Lettres dans la seconde moitié du XVIIe siècle, de la Géométrie cartésienne (1637) à la querelle des infiniment petits (1707). Les recherches existantes seront élargies par la confrontation de différents types de discours fictionnels (utopies) et non fictionnels (manuels scolaires, cahiers d’élèves, périodiques scientifiques, correspondances, traités de mathématiques et de rhétorique). L’ensemble des données discursives récoltées permettra de tracer les contours d’un patrimoine mathématique matériel et immatériel interrogeable dans sa littérarité, dont l’étude contribuera à saisir les enjeux épistémologiques de la modernité. La structure narrative des textes sera appréhendée, des affinités stylistiques seront identifiées et les phénomènes de changement linguistique seront mis au jour par une approche numérique (échantillonnage, stylométrie, topic modeling, distant reading), afin d’observer les stratégies discursives de la progressive séparation des savoirs au sein des Belles-Lettres. En analysant les critères de littérarité et leur mouvance dans des contextes encore peu explorés, le projet espère contribuer à une révision de la compréhension des productions scientifiques de cette période, dont les phénomènes de rupture épistémique sont aussi sous-tendus par une série d’expériences rhétoriques et textuelles où se marque une certaine continuité entre les différents champs disciplinaires.