Télévision et patrimoine, des origines à la fin des années 1990

L’objectif de cette thèse était d’étudier d’une part un type de programmes de télévision mal défini et aux contours flous, d’en retracer la généalogie et d’établir les caractéristiques et les évolutions ; d’autre part, d’étudier les représentations du patrimoine dans ce média de masse et mettre leurs changements au regard de l’intérêt croissant du public pour le patrimoine dans la seconde moitié du XXe siècle. L’ensemble du patrimoine matériel a été considéré : les monuments, les beaux-arts, l’environnement, le vernaculaire, les patrimoines scientifiques, techniques et industriels.
On observe en premier lieu une multiplication des programmes sur le patrimoine qui entraine une hausse de la visibilité de ce sujet. Cela s’accompagne de la progressive diversification des genres de programmes qui traitent de ce sujet. Le programme sur le patrimoine est au final un objet hybride qui jouit d’une image culturelle sans avoir de contenu cultivant. C’est un programme « médian », ni totalement populaire, ni vraiment érudit. Il apparaît que les émissions ont rendu le patrimoine plus proche du public et plus accessible en atténuant progressivement son image d’objet hautement culturel et de pratique culturelle socialement marquée. Les représentations du patrimoine à la télévision ont contribué à en faire un objet consommable en privilégiant la fonction utilitaire des sites et des objets patrimoniaux.
Ce travail est aussi une contribution à l’histoire de la production des sensibilités au patrimoine dans la France du XXe siècle. Pour cela, il a fallu retracer la construction de ce sujet journalistique, analyser ses mises en récit et en images, étudier ses ressorts polémiques. Une part importante est consacrée à l’étude des sentiments et des émotions exprimés dans les programmes.